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ecolopol:pulsion-eros [2018/01/10 10:36] – créée Grégory Gutierezecolopol:pulsion-eros [2018/01/10 10:41] Grégory Gutierez
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 ====== L'amour, la séduction, même la baise, la sexualité "brute", c'est une culture ====== ====== L'amour, la séduction, même la baise, la sexualité "brute", c'est une culture ======
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 <blockquote>"Nous sommes aujourd'hui suffisamment averties pour admettre que la pulsion sexuelle est par nature offensive et sauvage" ((Tribune [[http://www.lemonde.fr/idees/article/2018/01/09/nous-defendons-une-liberte-d-importuner-indispensable-a-la-liberte-sexuelle_5239134_3232.html|"Nous défendons une liberté d'importuner indispensable à la liberté sexuelle"]] parue le 9 janvier 2018 dans Le Monde))</blockquote>. <blockquote>"Nous sommes aujourd'hui suffisamment averties pour admettre que la pulsion sexuelle est par nature offensive et sauvage" ((Tribune [[http://www.lemonde.fr/idees/article/2018/01/09/nous-defendons-une-liberte-d-importuner-indispensable-a-la-liberte-sexuelle_5239134_3232.html|"Nous défendons une liberté d'importuner indispensable à la liberté sexuelle"]] parue le 9 janvier 2018 dans Le Monde))</blockquote>.
  
-Cette phrase m'a fait bondir. Le terme "admettre" sonne déjà comme une défaite des femmes, le choix de ce verbe est emblématique. Il ne s'agit pas de "reconnaître" ou "d'accepter", mais d'admettre. On entend presque un //"les choses sont ainsi, que voulez-vous, ma brave dame !"//. Mais passons. Le pire, c'est cette proposition qu'il s'agirait donc que les femmes admettent enfin une fois pour toutes : que la pulsion sexuelle est par nature //"offensive et sauvage"//.+Cette phrase de la tribune des 100 femmes "pour la liberté d'importuner", parue dans Le Monde ce 9 janvier 2018, m'a fait bondir. Le terme "admettre" sonne déjà comme une défaite des femmes, le choix de ce verbe est tellement signifiant. Il ne s'agit pas de "reconnaître" mais d'admettre. On entend presque un //"les choses sont ainsi, que voulez-vous, ma brave dame !"//. Mais passons. Le pire, c'est cette proposition qu'il s'agirait donc que les femmes admettent enfin une fois pour toutes : que la pulsion sexuelle (des hommes) est par nature //"offensive et sauvage"//.
  
-La pulsion sexuelle, j'ai la faiblesse de croire que je sais ce que c'est, pour l'avoir expérimentée plus d'une fois, la mienne et celle de l'autre. Mais ce n'était jamais ni "offensif" ni "sauvage". Maladroit, oui, certainement, bien plus que je l'aurais voulu même. Mais justement, c'est un apprentissage, quelque chose qui se fait et s'apprend à deux (ou à plus de deux, si tels sont les désirs conjugués des personnes). On ne doit pas confondre la violence des sentiments, à laquelle on ne peut pas grand chose (à part grandir, accuser le coup, apprendre ?), et celle des corps, mettre une main au cul sans y avoir été invité par exemple. La violence des corps n'est admissible que dans une société qui présuppose un droit d'accès "naturel" au corps de l'autre (au corps de la femme par l'homme, si l'on reste dans une logique hétérosexuelle). Mais est-ce un type de société souhaitable, vraiment ? Serait-il éthique d'apprendre aux jeunes filles que ce serait normal, naturel, que les hommes aient un droit naturel à la main leurs fesses à elles ?+La pulsion sexuelle, j'ai la faiblesse de croire que je sais ce que c'est, pour l'avoir expérimentée plus d'une fois, la mienne et celle de l'autre. Mais ce n'était jamais ni "offensif" ni "sauvage". Maladroit, oui, certainement, bien plus que je l'aurais voulu même. Mais justement, c'est un apprentissage, quelque chose qui se fait et s'apprend à deux (ou à plus de deux, si tels sont les désirs conjugués des personnes). On ne doit pas confondre la violence des sentiments, à laquelle on ne peut pas grand chose (à part grandir, accuser le coup, apprendre ?), et celle des corps, mettre une main au cul sans y avoir été invité par exemple. La violence des corps n'est admissible que dans une société qui présuppose un droit d'accès "naturel" au corps de l'autre (au corps de la femme par l'homme, si l'on reste dans une logique hétérosexuelle). Mais est-ce un type de société souhaitable, vraiment ? Serait-il éthique d'apprendre aux jeunes filles que ce serait normal, naturel, que les hommes aient un droit à tâter leurs fesses, parce que c'est comme ça qu'ils séduisent 
  
 Au contraire, l'amour entre humains consentants, et je parle bien ici de l'amour physique, est une forme élaborée et précieuse de ce qui fait notre humanité. En tout cas je le crois, sinon nous ne ferions pas l'amour autrement que ne le font les bêtes, c'est-à-dire rapidement et sans jamais se soucier du désir et du plaisir de l'autre. C'est-à-dire pour se reproduire, et puis "ta gueule si t'aimes pas c'est pareil, c'est la nature". Nous ne nous serions jamais interrogés sur ce désir qui nous mobilise si complètement, nous n'aurions pas élaboré tous ces discours et tous ces arts à propos de ce désir et de ses aspects, des plus lumineux aux plus sombres, s'il ne s'agissait que de cela : obéir à la pulsion de l'un. Au contraire, l'amour entre humains consentants, et je parle bien ici de l'amour physique, est une forme élaborée et précieuse de ce qui fait notre humanité. En tout cas je le crois, sinon nous ne ferions pas l'amour autrement que ne le font les bêtes, c'est-à-dire rapidement et sans jamais se soucier du désir et du plaisir de l'autre. C'est-à-dire pour se reproduire, et puis "ta gueule si t'aimes pas c'est pareil, c'est la nature". Nous ne nous serions jamais interrogés sur ce désir qui nous mobilise si complètement, nous n'aurions pas élaboré tous ces discours et tous ces arts à propos de ce désir et de ses aspects, des plus lumineux aux plus sombres, s'il ne s'agissait que de cela : obéir à la pulsion de l'un.
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  • Dernière modification : 2020/04/06 12:39
  • de Grégory Gutierez