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ecolopol:voyagesducolibri [2017/03/29 10:45] – créée Grégory Gutierezecolopol:voyagesducolibri [2017/03/29 11:25] – [Le Colibri version Rabhi] Grégory Gutierez
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 +Là encore, il est intéressant de regarder en détail comment Rabhi encadre la parabole du colibri : //"il nous appartient également à titre individuel de faire tout ce que nous pouvons dans notre sphère privée et intime, comme nous l'enseigne la légende amérindienne du colibri"//, //"Telle est notre responsabilité à l'égard du monde"//, //"l'ensemble de la société planétaire est en crise, sociale, économique et écologique"//. Le discours est donc volontiers catastrophique, un cataclysme global nous attend, la forêt qui prend feu n'est autre que la planète tout entière, et Rabhi n'hésite pas à dire à son lecteur qu'il a une part de responsabilité dans l'affaire. C'est mobilisant, pour dire le moins ! Mais c'est aussi culpabilisant. Evidemment, mis face à ce genre de tableau catastrophiste, on ne peut que vouloir être ce petit colibri, le seul qui ait le courage d'affronter l'incendie, plutôt que faire partie de la masse des animaux qui préfèrent fuir.
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 +Rabhi présente donc la parabole du colibri comme une //"légende amérindienne"//. Mais malgré mes recherches, à aucun moment, ni dans son livre, ni ailleurs dans ses discours ou dans la "rabhisphère" en ligne, je n'ai pu trouver de source plus précise sur l'origine de cette histoire : c'est une légende amérindienne, point. Pourtant, il doit bien y avoir des références à cette légende, avant que Pierre Rabhi ne s'en empare et en fasse un mouvement. Sur le web francophone, c'est mission impossible : c'est toujours la version Rabhi qu'on retrouve, sur pléthore de sites qui répètent toujours la même histoire, visiblement héritée du discours et des livres de Rabhi. Et l'histoire est toujours présentée comme "légende amérindienne"
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 +Petite parenthèse à ce propos : raconter cette histoire comme provenant d'un peuple premier des Amériques, ça lui donne tout de suite beaucoup plus de gueule. Les lecteurs de Rabhi, écolos dans l'âme, sensibles au thème du retour à la terre, à la sagesse éternelle des peuples premiers supposés être en harmonie avec la nature, seront évidemment bien plus impactés par une parabole provenant d'un de ces peuples - aussi imprécis soit-il - que si l'histoire mettait en scène, par exemple, un simple pigeon des Buttes-Chaumont face à un feu d'artifices mal maîtrisé un soir de 14 juillet. Si l'histoire vient des Amérindiens, c'est qu'elle a traversé les âges, depuis un passé tout à fait idéalisé, pour arriver jusqu'à nous, lecteurs et auditeurs de l'Occident du 21e siècle. Et Pierre Rabhi se retrouve alors en "passeur" de cette sagesse, ce qui lui donne un rôle particulièrement important. Comme un prophète qui transmet la parole divine au peuple égaré, Rabhi transmet la parole ancestrale des Indiens d'Amérique au peuple écolo du 21e siècle. Snif, c'est beau. 
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 +Sauf que. 
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 +Sauf que cette histoire du colibri, on va le voir, n'a pas commencé avec Rabhi, ce n'est pas lui qui aurait retrouvé dans le folklore d'une quelconque tribu amérindienne (qu'il ne prend jamais la peine de préciser) une merveilleuse petite histoire, qui, par un heureux hasard, collerait tellement bien avec le discours qu'il tient lui-même de livres en livres sur notre responsabilité individuelle dans la catastrophe qui s'annonce. 
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 +==== Le colibri de Wangari Maathai ====
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 +Wangari Maathai est une figure du militantisme écologiste africain. Née au Kénya en 1940, elle fait parler d'elle dans les années 1970 avec son mouvement de la Ceinture Verte, toujours très actif de nos jours comme le prouve le site internet [[http://www.greenbeltmovement.org/|Green Belt Movement]]. A l'origine, Maathai avait fait parler d'elle en plantant, en 1977, sept arbres, en l'honneur des femmes qui mènent alors la lutte pour la protection de l'environnement en Afrique. La lecture de [[https://fr.wikipedia.org/wiki/Wangari_Muta_Maathai#Militantisme_et_vie_politique|sa fiche Wikipédia]] montre une personnalité qui n'hésite pas à prendre des risques, et qui mêle allègrement la lutte pour la protection de l'environnement et celle pour l'émancipation des femmes en Afrique : //"Elle est également dirigeante du « Maendeleo ya wanawake » (Conseil national des femmes du Kenya). Elle aura eu trois enfants avant de divorcer en 1979. Son mari affirme alors au juge qu'elle avait un trop fort caractère pour une femme et qu'il était incapable de la maîtriser, le juge lui a donné raison. Pour avoir déclaré dans la presse que ce juge ne pouvait qu'être incompétent ou corrompu, elle est emprisonnée, pour la première fois, durant quelques jours."//
  
  
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  • Dernière modification : 2017/03/29 17:06
  • de Grégory Gutierez