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Approaching the Unknown, 2016, Mark Elijah Rosenberg

“Tout abandonner, pour un seul moment de pure merveille.”

“Approaching the unknown” est un film de SF tendance “hard science”, d'un certain Mark Elijah Rosenberg, pas encore diffusé en France (sorti en mai 2016 au Royaume-Uni). D'ailleurs, pas sûr du tout qu'il sera diffusé dans les cinémas de notre pays.

L'histoire : un astronaute, William D. Stanaforth, part en mission pour Mars, il est seul dans son petit vaisseau pour un voyage qui va durer 270 jours, et sans retour. Voilà, c'est tout. Le film débute au moment du décollage et s'achève (attention spoiler) au moment d'arriver sur Mars.

À noter, le film est littéralement descendu par les critiques parce qu'il ne “s'y passe rien” (voir par exemple sa page IMDb : http://www.imdb.com/title/tt2674430/).

Donc, tout le film se déroule dans la boîte de conserve qui lui sert de monde-à-vivre. Il y a quelques interactions avec d'autres personnages : un responsable technique de la mission, sur Terre, qui le sollicite régulièrement, une femme astronaute qui est supposée le rejoindre sur Mars plus tard, elle-même dans son petit vaisseau, les deux astronautes d'une station spatiale où il s'arrête pour un ravitaillement.

C'est le moment le plus déprimant et le plus étrange de tout le film, celui où l'on comprend que tout ne va pas se dérouler comme prévu. Alors que notre héros solitaire se réjouit tout de même de voir une dernière fois des êtres humains, il découvre une équipe de la station spatiale complètement déprimée, qui a foiré toutes ses expérimentations à bord, qui s'ennuie cruellement, et qui n'attend plus qu'une chose : rentrer à la maison. L'un d'eux, après lui avoir appris qu'ils n'ont rien d'autre à faire qu'attendre désormais, finit par lui dire : “Débranche donc toutes tes jolies machines, et rentre donc de là où tu viens.”. Exactement ce que Stanaforth ne veut absolument pas faire.

On a affaire en réalité à un film introspectif : la solitude voulue, désirée, aimée, par cet astronaute qui sait qu'il ne reviendra jamais sur Terre. Et l'intrigue du film, si l'on peut parler d'intrigue, tourne autour du risque de ne plus y croire, de perdre la foi dans la réussite de son projet. À aucun moment il n'est suggéré que le personnage principale ait envie, en fin de compte, de retourner sur Terre et de se mêler à nouveau aux autres êtres humains. Il en a fini avec nous, il veut juste partir le plus loin possible, et tout recommencer sur une terre vierge, “où rien n'a vécu et où rien n'est mort”, comme il le dit à plusieurs reprises.

Les événements sont donc ce qui se déroule dans le vaisseau : le générateur d'eau qui plante, la traversée d'une tempête magnétique, la pousse des minuscules plantes, les bruits plus ou moins inquiétants des machines autour de lui…

Drôle de film en vérité, qui ressort plus de la quête personnelle, quasi-mystique, que de l'aventure spatiale mythifée. C'est en quelque sorte un anti “Seul sur Mars”. Il ne s'agit pas de survivre sur Mars l'hostile pour enfin pouvoir retourner vivre sur Terre, mais de survivre tout le long d'un voyage éprouvant pour rejoindre Mars et y mourir à plus ou moins court terme. Et la science, la réflexion, la connaissance, ne sont pas des alliées mais au contraire quelque chose à dépasser pour réussir à s'accomplir.

Plutôt désabusé, mais pas sans poésie, je dirais presque qu'il s'agit d'une étude sur l'art de mourir.

Quelques scènes de l'espace profond ne sont pas sans évoquer des tableaux à la 2001 l'Odyssée de l'Espace. La facilité des effets numériques y est visiblement laissée de côté, pour utiliser plutôt une technique de déroulés de liquides colorés sur fond sombre, filmés au ralenti.

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  • Dernière modification : 2016/06/06 16:02
  • de Grégory Gutierez