Le discours du Réalisme Fantastique : la revue Planète
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Dans les années 1960, à la suite du livre de Louis Pauwels et Jacques Bergier, Le Matin des Magiciens (que Pauwels aurait voulu sous-titrer “Poème”, mais l'éditeur le lui refusa), paraît une revue de bibliothèque quelque peu hors normes, ambitieuse, barbare et iconoclaste, la revue Planète. Elle existera jusqu'en Mai 68 dans sa structure originelle, avec aussi les éditions du même nom, qui publieront nombre d'ouvrages au travers de diverses collections. Il s'agit ni plus ni moins que d'un genre littéraire qui se créer, ce que Pauwels et Bergier baptisent “le réalisme fantastique”.
Vers 1994, je découvre par hasard le livre Le Matin des Magiciens dans un bac étiqueté “Science-Fiction” d'une petite librairie près de la place de la République, à Paris. Je dévore l'essai, en croyant d'abord avoir affaire à un récit imaginaire. Et c'est un choc : dans un même livre se retrouvent compilés auteurs et thématiques qui m'intéressaient déjà énormément, mais que je n'avais jamais eu la présence d'esprit de lier ensemble : Charles Fort, la parapsychologie, la question d'une essence quasi-spirituelle du “Mal”, les sociétés secrètes, les récits d'anticipation, les civilisations anciennes et forcément mystérieuses sur lesquelles imaginer mille choses, etc.
A cette époque, je suis étudiant à la Sorbonne - Paris IV, en Lettres Modernes, j'attaque bientôt mon mémoire de Maîtrise (l'équivalent du MASTER I aujourd'hui je crois bien). Mon professeur est Georges Molinié, une personnalité forte et engagée, à qui j'expose donc mes projets de maîtrise. Je me souviens très bien de mon entretien avec lui à l'époque. J'ai réussi à trouver quelques numéros de la revue Planète chez les bouquinistes des quais de la Seine et je suis fasciné de ce que j'en découvre, je voudrais étudier le discours de cette revue, le champ culturel qu'elle tente de faire grandir. Mais j'ai conscience que le sujet n'est pas particulièrement “mainstream”, et je crains que Molinié ne trouve la chose pas assez “académique” pour mériter un mémoire.
Je lui expose donc deux projets : le premier, sur “Les figures féminines dans l'oeuvre de Charles Cros, le deuxième sur la revue Planète. J'ose à peine esquisser mon deuxième sujet. Mais à ma grande surprise, Molinié fait la grimace à propos de Cros, “Oh non, pas encore un sujet sur l'éternel féminin dans les oeuvres d'un poète du 19è siècle ! Parlez-moi plutôt de votre revue, là, je ne connais pas du tout…”
C'est entendu, je me lance dans l'étude du discours du Réalisme Fantastique. Je m'investis à fond dans ce projet, j'arrive à réunir toute la collection des numéros de la revue, et de nombreux livres des éditions Planète. Je rencontre Rémy Chauvin, Adrien Bourgeois, Elina Pauwels (qui me fait m'asseoir au bureau de Louis Pauwels dans leur propriété, au Nord de Paris), Isa Bergier (la soeur de Jacques Bergier) lors d'un séjour à Genève, et quelques autres acteurs, actrices et témoins de cette époque.
Il en est donc sorti mon mémoire, Le discours du Réalisme Fantastique : la revue Planète. C'est mon premier “ouvrage”, c'est-à-dire mon premier vrai travail intellectuel. Évidemment, je l'ai rédigé à l'époque avec un enthousiasme certain, qui frôle parfois la naïveté. Si je devais le revoir aujourd'hui, certaines parties seraient certainement plus critiques, d'autres plus précisées et factuelles. Mais dans l'ensemble, ce mémoire reste lisible aujourd'hui et je le crois assez renseigné et documenté pour être utile aux amateurs.
Le voici donc, en fichier PDF, téléchargeable à loisir (cliquez sur l'image ci-dessus pour ouvrir ou télécharger le fichier PDF de 135 pages environ).
Bonne lecture !